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opendata.swiss : une bibliothèque numĂ©rique au service de la SuisseÂ
Pour commencer notre exploration d’opendata.swiss, dĂ©couvrons d’oĂą vient cette idĂ©e, nĂ©e d’un besoin simple mais puissant : rendre accessibles les trĂ©sors cachĂ©s des donnĂ©es publiques.Â
Imaginez un pays parsemĂ© de coffres invisibles. Ces coffres renferment des trĂ©sors uniques: des chiffres sur l’économie, des cartes des montagnes, des donnĂ©es sur le climat, des tableaux d’éducation ou de santĂ© publique. Mais voilĂ : ces coffres sont fermĂ©s, dispersĂ©s dans les caves numĂ©riques des administrations, oubliĂ©s ou tout simplement invisibles pour la majoritĂ© d’entre nous.Â
Un jour, une idée germe : Et si ces trésors devenaient accessibles ? Et si, comme dans une immense bibliothèque, ces savoirs étaient ouverts à tous, librement, simplement ? Cette idée, d’abord simple, allait bientôt devenir une vision partagée. Une vision qui, dès 2009, commence à germer.
2009 – La vision d’une administration plus transparente
En 2009, dans les couloirs des administrations et des laboratoires d’innovation, une vision prend forme : ouvrir les donnĂ©es publiques. Pas pour le simple plaisir de les partager, mais pour renforcer la transparence, favoriser l’innovation et redonner du pouvoir aux citoyens.Â
Ă€ l’international, le mouvement s’emballe. En 2010, les États-Unis lancent data.gov sous l’impulsion de Barack Obama. L’Open Government Data (OGD) devient un symbole de modernitĂ© dĂ©mocratique.Â
Et en Suisse ? Entre 2010 et 2013, la Suisse observe, apprend, Ă©change. Le mot « open data » commence Ă circuler dans les confĂ©rences, les universitĂ©s, les institutions. Le Conseil fĂ©dĂ©ral lance alors le projet “Libre accès aux donnĂ©es publiques en Suisse” en 2011. L’intĂ©rĂŞt grandit. Il faut agir.Â
2013 – Le portail pilote : un premier pas
Septembre 2013, Ă Genève : lors de la Open Knowledge Conference, les Archives fĂ©dĂ©rales suisses, accompagnĂ©es de partenaires comme l’OFS, swisstopo, MĂ©tĂ©oSuisse et la Bibliothèque nationale, lancent un portail pilote – opendata.admin.ch.Â
Pendant six mois, ce portail expĂ©rimental rassemble, pour la première fois, une sĂ©lection de jeux de donnĂ©es publics. L’objectif : tester, apprendre, et dĂ©cider d’une Ă©ventuelle extension du portail vers une solution nationale.Â
2014 – Une stratégie nationale : la Suisse s’engage
L’expĂ©rience est concluante. Le Conseil fĂ©dĂ©ral adopte la StratĂ©gie OGD 2014-2018. Parmi ses piliers : crĂ©er un portail national pĂ©renne, accessible, ergonomique, fĂ©dĂ©rateur. Le rĂŞve de la grande bibliothèque numĂ©rique suisse prend forme.Â
2015 – Le projet se concrétise : la Suisse agit
La direction du projet « Libre accès aux donnĂ©es publiques en Suisse »1 est confiĂ© aux Archives fĂ©dĂ©rales. On prĂ©pare le terrain pour une plateforme robuste. On ne veut pas juste ouvrir les coffres : on veut mettre les trĂ©sors Ă portĂ©e de tous, bien rangĂ©s, bien expliquĂ©s.Â
2016 – Naissance de opendata.swiss : la bibliothèque ouvre ses portes
Le 2 fĂ©vrier 2016, un nouveau portail voit le jour : opendata.swiss. Il succède au portail pilote opendata.admin.ch et devient la salle de lecture numĂ©rique de la Suisse. Il s’agit de faire en sorte qu’en Suisse, les donnĂ©es des autoritĂ©s soient publiĂ©es dans un format ouvert et lisible par ordinateur, afin qu’elles puissent ĂŞtre rĂ©utilisĂ©es librement.Â
Chaque institution publique – ConfĂ©dĂ©ration, cantons, communes – peut y publier ses donnĂ©es. Chaque citoyen – Ă©tudiant, chercheur, journaliste, entrepreneur – peut les trouver et y puiser librement.Â
Alternative: C’est plus qu’un site : c’est une bibliothèque vivante, oĂą chaque jeu de donnĂ©es est un livre ouvert – enrichi d’une fiche descriptive, de mots-clĂ©s, de contexte et de liens utiles. Tout est conçu pour que les donnĂ©es soient non seulement faciles Ă trouver et Ă comprendre, mais surtout pour que leur potentiel soit pleinement exploitĂ©.Â
2019 – Passation de relais, la collection s’étoffe
Le portail passe sous la houlette du SecrĂ©tariat OGD, créé pour l’occasion et rattachĂ© Ă l’Office fĂ©dĂ©ral de la statistique. La collection s’enrichit. Le public s’élargit. Nous passons de l’expĂ©rimentation Ă la construction d’un bien commun numĂ©rique. Des milliers de donnĂ©es, dĂ©sormais accessibles, permettent des analyses, des innovations, des visualisations, des articles, des applications. La Suisse se raconte autrement, avec des chiffres, des cartes, des graphiques.Â
Aujourd’hui – Une aventure en perpétuelle écriture
opendata.swiss Ă©volue avec son temps, en s’ouvrant Ă des domaines portĂ©s par l’actualitĂ© comme l’intelligence artificielle, la participation citoyenne, le journalisme de donnĂ©es ou l’éducation numĂ©rique.Â
Et surtout, comme les auteurs d’une histoire commune, les institutions et les citoyennes et citoyens utilisent les donnĂ©es comme de l’encre : pour garder une trace de la Suisse d’hier, mieux comprendre le prĂ©sent et façonner l’avenir.Â
En savoir plus
- Pour comprendre comment cette bibliothèque numérique s’inscrit dans le cadre légal suisse et comment le principe « open data by default » est devenu une réalité inscrite dans la loi, découvrez l’ancrage juridique dans la stratégie nationale.
- L’histoire de la création d’opendata.swiss pose les bases, mais qui sont les acteurs qui font vivre et évoluer ce portail au quotidien ? Le rôle du Secrétariat OGD vous intéresse ?
Open data by default : l’intĂ©gration des open data dans la loi suisseÂ
Le parcours d’opendata.swiss est un cercle vertueux entre vision, loi et opĂ©rationnel. Poursuivons notre dĂ©couverte en naviguant vers l’ancrage juridique qui fait Ă©voluer le projet.Â
En 2014, la Suisse s’engage rĂ©solument en faveur des donnĂ©es ouvertes en adoptant une première stratĂ©gie nationale pour l’OGD (« StratĂ©gie 2014-2018 »). Cette initiative vise Ă rendre les donnĂ©es administratives accessibles Ă tous en s’appuyant sur une infrastructure centrale pour leur publication. Le lancement du portail opendata.swiss en 2016 marque une avancĂ©e majeure en fournissant un point d’accès central aux donnĂ©es publiques suisses. Forte de cette impulsion, une deuxième stratĂ©gie voit le jour (« StratĂ©gie 2019-2023 ») approfondissant les engagements initiaux. Cette nouvelle phase vise Ă ce que les donnĂ©es créées et gĂ©rĂ©es dans le cadre de l’accomplissement des tâches lĂ©gales des administrations soient publiĂ©es gratuitement, en temps rĂ©el, sous une forme lisible par machine et dans un format ouvert. Surtout, elle introduit l’idĂ©e d’ancrer juridiquement les principes OGD, et de gĂ©nĂ©raliser l’accès libre aux donnĂ©es.Â
Les dĂ©fis et les solutions envisagĂ©esÂ
MalgrĂ© les progrès rĂ©alisĂ©s, la publication et l’utilisation des OGD soulèvent de nombreuses questions, notamment juridiques, Ă©thiques et organisationnelles. Les obstacles sont nombreux : rĂ©ticences institutionnelles, ressources limitĂ©es ou encore prĂ©occupations liĂ©es Ă la confidentialitĂ©. Pour surmonter ces dĂ©fis et assurer la continuitĂ© des efforts entrepris, le SecrĂ©tariat OGD Ă©labore le Masterplan OGD 2024-2027. Ce plan de mesures est conçu en collaboration avec les utilisateurs, les fournisseurs de donnĂ©es et d’autres experts, grâce Ă des ateliers rĂ©unissant des reprĂ©sentants des offices fĂ©dĂ©raux, des cantons, des communes, d’entreprises parapubliques et de la sociĂ©tĂ© civile. Les offices fĂ©dĂ©raux sont formellement consultĂ©s durant plusieurs semaines. Ces divers Ă©changes mettent en lumière des faiblesses persistantes : les donnĂ©es administratives ne sont que partiellement disponibles sous forme d’OGD, le manque de culture de donnĂ©es et de gouvernance entravent la publication d’OGD, le principe open by default est encore mĂ©connu, l’accessibilitĂ© des donnĂ©es peut encore ĂŞtre amĂ©liorĂ©e tout comme les Ă©changes entre utilisateurs et fournisseurs de donnĂ©es. Â
Une nouvelle loi pour garantir l’ouverture des donnĂ©esÂ
Ces observations posent les bases du Masterplan qui va alors s’articuler autour de cinq orientations stratĂ©giques : la disponibilitĂ©, la qualitĂ© des mĂ©tadonnĂ©es, l’infrastructure, les synergies avec d’autres domaines et les Ă©changes entre fournisseurs et utilisateurs d’OGD. Chaque orientation est traduite en objectifs, mesures et indicateurs, visant Ă aider les unitĂ©s administratives fĂ©dĂ©rales Ă se familiariser avec les principes importants de l’OGD. Le Masterplan dĂ©finit Ă©galement les prioritĂ©s de mise en Ĺ“uvre pour l’administration fĂ©dĂ©rale, tout en veillant Ă ce que la Suisse reste compatible et compĂ©titive sur le plan international en matière d’OGD.Â
L’annĂ©e 2024 marque un tournant dĂ©cisif pour l’open data en Suisse avec l’entrĂ©e en vigueur de la LMETA, la loi adoptĂ©e par la ConfĂ©dĂ©ration pour guider la transformation numĂ©rique du pays, et le lancement simultanĂ© du Masterplan, qui accompagne sa mise en Ĺ“uvre. La LMETA consacre le principe « open by default » en Ă©rigeant l’ouverture des donnĂ©es publiques en norme lĂ©gale. Selon l’article 10 de la loi, toutes les donnĂ©es produites ou collectĂ©es par les autoritĂ©s doivent ĂŞtre accessibles aux citoyens, sauf exception justifiĂ©e. La LMETA fixe un dĂ©lai de trois ans pour permettre aux administrations de s’adapter et de respecter pleinement ces nouvelles exigences.Â
ConclusionÂ
Ensemble, la LMETA et le Masterplan OGD 2024-2027 marquent une Ă©tape essentielle pour la gouvernance des donnĂ©es, tout en consolidant la place de la Suisse dans l’écosystème international de l’open data et dans un avenir numĂ©rique fondĂ© sur la transparence et l’innovation.Â
En savoir plus
- Vous venez de voir comment la loi a posĂ© un cadre solide pour l’ouverture des donnĂ©es publiques. Mais comment cette lĂ©gislation se traduit-elle concrètement dans la gestion quotidienne d’opendata.swiss ? DĂ©couvrez l’histoire et les missions du SecrĂ©tariat OGD.Â
- La loi est essentielle, mais c’est aussi la vision d’un portail fĂ©dĂ©rateur qui a tout dĂ©clenchĂ©. Pour revenir aux origines de ce projet, plongez dans l’histoire d’opendata.swiss en tant que bibliothèque numĂ©rique.Â
Le SecrĂ©tariat OGD : pilier opĂ©rationnel d’opendata.swissÂ
Derrière chaque stratĂ©gie et chaque loi, il y a une Ă©quipe dĂ©diĂ©e. IntĂ©ressons-nous Ă ceux qui pilotent au quotidien cette aventure de l’open data en Suisse : le SecrĂ©tariat OGD, une petite Ă©quipe très motivĂ©e dont les activitĂ©s et prestations au quotidien sont variĂ©es. Voici son histoire :Â
Tout commence en 2019 avec le transfert du portail opendata.swiss des Archives fĂ©dĂ©rales suisses Ă l’Office fĂ©dĂ©ral de la statistique et la crĂ©ation du secrĂ©tariat Open Government Data. Celui-ci consiste alors en deux postes et a pour tâche de mettre en Ĺ“uvre la stratĂ©gie d’ouverture des donnĂ©es publiques pour l’ensemble de l’administration publique suisse. PlacĂ© sous l’autoritĂ© de l’État-major en raison de son rĂ´le transversal, il apporte des approches innovantes dans la manière d’administrer les donnĂ©es et de collaborer avec les partenaires externes, notamment via les rĂ©seaux sociaux. La tâche est colossale et les ressources sont limitĂ©es. Â
Deux ans après ce transfert, en 2021, un important dĂ©fi se profile Ă l’horizon : les ressources s’Ă©puisent et l’existence mĂŞme du secrĂ©tariat est remise en question. Conscient du rĂ´le stratĂ©gique que jouent les donnĂ©es ouvertes pour la ConfĂ©dĂ©ration, le SecrĂ©tariat gĂ©nĂ©ral du DFI lui renouvelle sa confiance et lui donne un nouvel Ă©lan afin d’accompagner la mise en place du cadre juridique. Â
En parallèle, le secrĂ©tariat recherche des ressources externes. En 2022, grâce Ă sa communautĂ©, il rĂ©ussit Ă conclure un partenariat avec l’Administration numĂ©rique suisse, fraĂ®chement créée, pour encourager l’innovation et favoriser la collaboration entre les cantons et la ConfĂ©dĂ©ration. Ce partenariat permet Ă son Ă©quipe d’enrichir ses compĂ©tences et de mieux accompagner l’ensemble de ses partenaires.Â
Avec l’inscription en 2024 de l’article 10 de la LMETA spécifique aux Open Government Data dans la loi, le Secrétariat OGD couvre à présent non seulement les aspects techniques, mais également organisationnels et juridiques de la gestion des données publiques ouvertes et permet de répondre pleinement aux besoins de ses utilisateurs. Il devient ainsi un centre de compétences incontournable au sein de la Confédération.
En savoir plusÂ
- Vous avez découvert les coulisses et les acteurs clés qui font vivre opendata.swiss. Pour comprendre les fondations et la vision globale du projet, rendez-vous sur l’histoire d’opendata.swiss, cette bibliothèque numérique.
- Le Secrétariat OGD joue un rôle majeur, mais il évolue dans un contexte réglementaire. Pour approfondir la dimension légale qui encadre ses missions, explorez le principe « open data by default » inscrit dans la loi suisse.
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